Arrivée de Célia Nova

Un pas. Un autre. Encore un. Les jours se ressemblaient tous depuis son départ pour Alcantara. Cela faisait des semaines qu'elle marchait, ayant à peine de quoi manger ou boire de temps à autres. Heureusement qu'elle n'était pas une humaine normale, en fin de compte. Elle serait déjà morte...

Une main passée à la hâte à sa ceinture soupesa sa gourde. Vide, ou presque. Elle la prit, l'ouvrit et la porta à ses lèvres desséchées par le soleil. Une minuscule goutte tomba sur le bout de sa langue. Elle avait si soif...

Tiens, mais qu'est-ce que... ? Au loin, serait-ce une forteresse ? Célia crut avoir une hallucination à cause de la chaleur. Mais non, la forteresse était bien réelle.

*Hourra !*

Cet espoir face à elle lui redonna des forces. Il devait bien y avoir de quoi se sustenter, à l'intérieur...

Il lui fallut tout de même quelques dizaines de minutes pour parvenir aux portes. Là, un garde barrait le passage. Quelle drôle d'impression devait donner Célia, toute échevelée par le voyage, pleine de sueur et de poussière. On aurait dit une manante venue faire l'aumône...

"Rrrrrrhhhhhaaa...."

Elle avait la gorge si sèche qu'elle ne pouvait même pas se présenter.

Laureena était dans les douves sèches à faire travailler Isambart à la longe. L'étalon s'entendait bien avec elle mais préférait Siegfried. Ce qui ne l'empêchait d'obéir à la jeune femme. Elle avait vue la nouvelle arriver et arrêta le mouvement de son cheval. Elle l'appela et le caressa, il avait bien travaillé.

La jeune grecque se hissa sur son dos et le dirigea avec juste son licol. Cela faisait tois jours qu'il était avec eux et il la surprenait encore par sa sensibilité. Elle s'approcha de l'autre jeune femme et lui tendit sa gourde du haut de sa monture.

"Tiens. Je vois bien que t'as du mal à parler."

Laureena décrocha la fausse rêne qu'elle avait mise au cheval pour lui placer la tête. Il étendit l'encolure en soufflant.

"Tu t'appelles comment?"

Célia prit la gourde que lui tendait la cavalière et but quelques gorgées avec soulagement. En fin de compte, il lui en fallait plus que ça pour mourir de soif. Elle s'essuya la bouche d'un revers de poignet avant de rendre la gourde à la jeune femme dans un sourire.

"Merci beaucoup..."

Elle parlait beaucoup mieux à présent. Un léger raclement de gorge, puis elle répondit à la question. Après tout, il fallait bien se présenter, c'était la moindre des politesses, surtout à la personne à qui l'on était redevable.

"Je m'appelle Célia. Célia Nova. Italienne... Et vous ?"

Simple retour de politesse qu'elle demandait là. Après tout, on parle bien mieux à une personne dont on connait l'identité, non ?

Pendant que l'inconnue buvait, Laureena tapota la puissante encolure de l'étalon noir. Un mouvement dans son champ de vision lui fit tourner la tête vers la nouvelle. Elle reprit sa gourde et en but un peu à son tour.

"De rien, c'était la moindre des choses."

Elle écouta l'autre fille se présenter et se laissa glisser au sol. Isambart tourna la tête pour renifler sa poche et lui donna un léger coup de museau. Elle le repoussa un peu.

"Laureena Tillius, je viens de Grèce. Tu viens t'engager ici?"

Laureena tutoyait l'autre jeune femme parce qu'elle lui paraissait du même âge qu'elle. Se rendant compte qu'Isambart insistait pour avoir un bout de pain dur, elle lui donna.

"Gredin! Excuse, c'est pas pour toi Célia."

Célia sourit en voyant le cheval quémander le morceau de pain. Elle répondit à Laureena en la tutoyant à son tour. Après tout, si la cavalière le faisait, pourquoi pas elle ?

"Oui, j'arrive de Naples. En fait... Je fuyais l'Ordre du Temple..."

Elle hésitait à en dire plus. Peut-être que si sa camarade lui posait des questions elle oserait enfin se confier à quelqu'un. Célia regarda l'étalon avec admiration.

"C'est un mâle ?"

Elle n'y entendait rien en matière de chevaux. C'était même la première fois qu'elle en voyait un en dehors des images sur les livres de l'hôpital où elle avait grandi.

Laureena commença à avancer, écoutant Célia qui lui parlait en la suivant. Fuir l'Ordre du Temple? Elle n'ignorait pas que ce dernier avait souvent fait des dégâts et menait les expérieces de clonage. Avec quelques considérés comme ratés comme Siegfried.

"Tu t'es exilé? On est deux au moins dans ce cas. Je te raconterais peut-être un jour ce qui m'est arrivé."

Laureena trouvait la nouvelle sympathique. Une amie? Pourquoi pas. Avec sa formation en temps que guerrière, elle n'avait pas put s'en faire durant son enfance.

"Oui, il ne m'appartient pas mais je m'en occupe de temps en temps. Il est au capitaine. Quand il est occupé, il me le confie."

"Il est magnifique."

Elle hésita avant de poursuivre, ne voulant sans doute pas paraître stupide, mais elle se dit qu'après tout elle n'avait rien à perdre et se lança.

"Tu sais, c'est la première fois que je vois un cheval..."

Elle non plus n'avait jamais pu avoir de véritable amie, même ayant été élevée avec d'autres bambins clonés comme elle. Et elle a souvent cruellement ressenti la solitude, encore plus depuis que l'Ordre lui avait pris celle qu'elle considérait comme sa mère. Tiens, il faudrait qu'elle en parle un jour à Laureena. Elle lui paraissait très sympathique et il était vrai que Célia aurait bien aimé s'en faire une amie. Elle lui sourit tout en avançant.

"Dis... Il y a des tests d'admission pour être enrôlé ou c'est juste un formulaire à remplir ?"

Les tests ne la dérangeaient pas, mais elle craignait que malgré sa force physique elle ne soit pas assez forte. On racontait en Italie que les Chevaliers d'Alcantara étaient parmis les mieux entraînés et les plus forts. C'est en partie pour cette raison qu'elle espérait être prise. Et aussi pour se venger du Temple.

"Magnifique", le mot qui convenait sans doute le mieux à cette montagne de muscles noirs tout doux. L'étalon savait que l'on parlait de lui et se montrait sous son meilleur jour.

"La première fois? Je comprend un peu mieux tes motivations alors. Pour une première fois, il a fallut que tu tombes sur le plus beau de l'écurie. Tu as de la chance."

Laureena sourit. Elle voulait mettre Célia à l'aise. Débarquer comme ça dans une forteresse militaire n'était pas forcément facile. Elles descendirent dans les écuries où la jeune Grecque laissa Isambart dans son box.

"On ne peut pas vraiment appeler ça un test d'admission. Le capitaine va surement te mettre une pâtée mais si il juge que tu t'es bien défendue, il t'acceptera dans les rangs. En tout cas, c'est comme ça que ça s'est passé pour moi quand je suis arrivée."

Laureena alla près de sa jument et lui donna un morceau de pain dur. Elle lui frotta le chanfrein.

Lui mettre une pâtée... Et bien, heureusement que Célia avait appris à se défendre, durant son long voyage. Et elle était assez résistante vu sa condition de clone. Mais ça... Laureena ne le savait pas. D'ailleurs, Célia ne savait même pas l'âge de la jeune femme... Elle le lui demanda d'une voix douce.

"Au fait, quel âge as-tu, Laureena ?"

Sa question pouvait paraître stupide, on aurait dit qu'elles avaient presque le même âge... On aurait dit seulement...

Célia poussa un soupir, elle attendait que Laureena lui réponde, décidée à tout lui raconter. Même si elle ne s'était que très rarement confiée à des gens, cela lui ferait sans aucun doute un bien fou de libérer son esprit pour un temps.

"J'ai vingt-cinq ans. Et toi? Tu n'es pas obligée de me le dire si ça te gêne."

Laureena s'empara d'une brosse dans une boîte et commença à lustrer le poil gris et blanc de sa jument. L'animal dormait à moitié, un postérieur au repos. Un autre cheval souffla dans les cheveux de Célia, essayant d'obtenir son attention.

"Tu intéresses visiblement Velours."

Célia haussa les épaules. Pourquoi Laureena voudrait-elle que cela la dérange de donner son âge ? Après tout, si elle devait travailler avec elle, voire même devenir son amie, il faudrait bien qu'elle soit honnête, non ?

"J'ai six ans à peine..."

Laureena n'eut pas vraiment l'air surpris.

"Et oui, je suis ce que l'on appelle un clone..."

Elle baissa les yeux, puis lorsque le cheval lui souffla dessus elle se tourna vers lui.

"Je l'intéresse ?"

Elle sourit et lui flatta l'encolure d'une main maladroite.

"Tu m'apprendras à monter à cheval, Laureena ? J'ai toujours rêvé de savoir le faire..."

Six ans... Laureena n'était pas étonnée de cela. Ce n'était qu'une explication pour le fait qu'elle n'ait jamais vu de cheval de sa vie. Et aussi concernant sa fuite.

"Comme clone, tu ne seras pas seule. Il y en a d'autres ici, au moins deux."

Laureena lui avait dit ça sans la mettre au courant que le capitaine en personne en faisait partie. Et l'autre, elle ne le connaissait pas encore puisqu'il venait d'arriver à la forteresse.
Elle sourit doucement en voyant Velours apprécier les caresses de Célia. Elle hocha la tête à sa question.

"Bien sûr que je pourrais t'apprendre. Les temps sont calmes, on ne devrait pas avoir de mal à trouver un moment pour ça. Tu pourras le monter, il est plus ou moins à la retraite. C'est un bon pépère tranquille."

La jeune Grecque réfléchit une seconde.

"Je n'ai rien à faire pour l'instant. On peut commencer si tu veux."

Le visage de Célia s'illumina à cette proposition, comme le visage d'un enfant à qui l'on offre un précieux cadeau.

"Avec plaisir !"

Oubliées la faim et la soif, oubliées ses affaires dans son baluchon, affaires qui nécessiteraient un bon nettoyage. Elle allait apprendre à monter à cheval, et cela était bien plus attrayant que la lessive ou la cuisine.

En fin de compte, elle avait beau paraître la vingtaine, elle agissait encore parfois comme une enfant. Mais après tout, on lui avait volé son enfance, non ?

Elle posa ses affaires au sol, pressée de commencer, certes, mais organisée.

"Par quoi faut-il commencer ?"

Laureena sourit en voyant le regard brillant de joie de sa nouvelle amie. Sa réaction rappelait à la jeune Grecque la sienne quand père lui avait proposé de lui offrir son premier cheval. La jeune femme tapota l'encolure de Brunehaut et changea de box pour aller dans celui de Velours.
Le vieux hongre était content qu'on s'occupe un peu de lui. Il pointa les oreilles vers les deux filles, les regardants de ses grands yeux doux.

"Pour commencer, je vais te renseigner un peu sur lui. Donc tu connais son nom. Il a presque une vingtaine d'années, ce qui est assez avancé pour un cheval qui vit en moyenne 30 ans."

Elle montra des taches grisâtres sur les flancs du cheval.

"Il a été au pré ce matin et n'a pas été brossé en rentrant. Il faut donc le faire. Même si un cheval paraît propre, il faut le brosser quand tu veux le monter et en rentrant c'est pareil."

Elle prit une étrille et une brosse dure avant de commencer à faire des ronds avec l'étrille. Immédiatement après, elle passa la brosse dure et tendit les instruments à Célia.

"A toi de jouer. Mais ne passe pas l'étrille sur ses jambes."

Célia prit l'étrille et la passa d'abord maladroitement sur le flanc de Velours. Elle avait bien vu comment faisait Laureena, des mouvements circulaires, mais c'était plus facile à voir qu'à faire, pour une personne qui ne connaissait pas grand chose à l'anatomie d'un équidé. Cependant, devant le regard encourageant de celle qu'elle considérait désormais comme son amie, elle finit par faire les gestes convenables, et elle trouva même la chose amusante.

"Pourquoi est-ce obligatoire de le brosser avant et après être monté ?"

Elle passait maintenant au dos, ses gestes étaient doux, elle avait peur d'y aller trop fort et de faire mal à Velours, alors elle restait très délicate dans ses mouvements.

Laureena constatait que son "élève" se montrait plutôt appliquée. Elle avait toujours voulu transmettre son savoir équestre, histoire de se rendre un peu utile à autre chose qu'au combat.
La jeune grecque caressait doucement la tête du vieux cheval qui somnolait debout, les yeux mi-clos. Elle répondit à la question de Célia.

"Tout simplement parce que ça va le calmer quand il est un peu nerveux, c'est comme un massage pour lui. Ensuite, tu voir comme ça si il n'a pas de blessure à un endroit génant qu'il aurait put se faire aussi bien au box qu'au travail. Et enfin, ce qui n'est pas le moindre, tu fais connaissance avec lui, tu vois là où il est chatouilleux, et ça évite les coups de pied suite à un coup de brosse mal placé."

Elle regarda plus avant les gestes de son amie.

"Sois plus énergique dans ton pansage, pour bien retirer la poussière et pour faire circuler son sang."

Elle s'éclipsa une minute pour aller chercher le harnachement de Velours et revint avec la selle et le filet ainsi qu'une longe de travail.

Suivant les conseils de la jeune femme, Célia s'appliquait à panser énergiquement le cheval, qui semblait plutôt satisfait des soins qu'elle lui apportait. Elle essayait de le brosser avec force et douceur à la fois pour ne pas lui faire mal. Elle vit du coin de l'oeil Laureena s'éloigner un instant puis revenir avec le harnachement de Velours. Elle interrompit alors son pansage, le cheval était parfaitement brossé et semblait on ne peut plus détendu.

Elle sourit.

"J'ai fait du bon travail ?"

Elle pensait bien que oui, sinon Velours lui aurait certainement fait comprendre que quelquechose n'allait pas. Or, tout s'était très bien passé. Elle allait maintenant pouvoir passer à autre chose, du moins le pensait-elle.

Laureena fit le tour du cheval, Velours la suivant du regard. Elle hocha la tête. Si Célia continuait ainsi, elle n'hésiterait pas à lui confier Brunehaut dans quelques temps. Elle tapota la solide épaule du hongre.

"Parfait. On peut passer à l'étape suivante."

La jeune Grecque prit le tapis de selle et le donna à Célia. Elle s'approcha de nouveau du cheval et passa sa main sur son dos. Rien de suspect ne lui parut le long de l'échine de l'animal.

"On peut le monter sans soucis, il n'a rien qui puisse lui faire mal. Avec un cheval dont l'âge est un peu avancé ou sensible, il faut toujours vérifier qu'il n'a rien au dos. Ce que je t'ai donné, c'est son tapis de selle, tu dois toujours le mettre pour le protéger de la selle. Fais attention à couvrir son garrot avec. C'est la bosse là."

Elle lui indiqua l'endroit en question, située à la jointure de l'encolure et du dos.

Célia hocha la tête, elle avait très bien compris. Après tout, un cheval était un être vivant, et les êtres vivants avaient besoin de douceur et il fallait s'occuper d'eux correctement, faire attention aux moindres gestes. Elle s'approcha de Velours et lui caressa la tête entre les oreilles avant de lui poser le tapis sur le dos, essayant de le mettre droit et de couvrir le garrot.

Une fois cela fait, elle recula légèrement pour regarder le résultat. Mouais... Pas très droit, le tapis. Elle n'avait pas vraiment le coup d'oeil. Bon, allez hop ! Elle le repositionna correctement, et voilà. Du travail plutôt bien fait, pour une personne qui n'y connaissait rien.

Célia sourit à son amie.

"Franchement, je suis vraiment contente de te connaitre, Laureena. Tu me fais découvrir des choses intéressantes, c'est génial."

Célia était de nature à ne pas s'attacher facilement, en tout cas pas avec les êtres humains. Pourtant, elle avait l'impression qu'entre elle et Laureena une belle amitié pouvait naître.

Pour l'heure, c'était Velours qui demandait de l'affection en venant lui pousser l'épaule de la tête. Elle sourit et le caressa doucement. Si elle avait eu un quignon de pain ou une pomme, elle lui aurait donné, mais il ne lui restait rien...

Laureena ne dit rien et laissa Célia se débrouiller seule pour le tapis. Premier essai un peu raté mais le second réussi parfaitement. Velours semblait apprécier son nouveau rôle de cheval d'école. Les autres gardes avaient tendance à ne plus faire attention à lui sous prétexte qu'il ne servait plus à grand-chose.

"Intéressantes parce que les chevaux te plaisent. J'en suis contente parce qu'ici, les animaux ne sont plus ou moins que des moyens de transport. Velours apprécie le changement aussi, ça se voit."

Laureena prit la selle et la posa sur le dos du hongre.

"Pour savoir où mettre la selle, c'est simple: il faut que le bord de la sangle soit juste derrière l'articulation. On sangle toujours en deux fois: une fois ici et une autre dehors, quand il aura un peu marché, son ventre aura dégonflé."

Célia hocha la tête d'un air entendu. Elle comprenait et apprenait très vite, en fin de compte. Elle regarda Laureena mettre la selle puis avança pour la sangler. Avant tout geste, elle posa son regard sur son amie et lui demanda :

"Comment dois-je règler la sangle ?"

Elle avait un peu peur, soit de trop serrer et dans ce cas-là Velours aurait mal, soit pas asser, et dans ce cas-ci elle risquerait de se casser la figure.
Elle reporta son regard couleur de glace sur le hongre et lui caressa la tête avec douceur et gentillesse.

Laureena croisa les étriers sur le siège de la selle et souleva le quartier. Elle tapota le ventre du cheval.

"N'hésite pas à serrer bien fort. D'une, ça ne risque pas de lui faire mal et de deux, on va devoir la resserrer une fois dehors."

Elle regarda Célia faire tout en caressant l'encolure du hongre brun. Elle réfléchissait déjà à un moyen de lui trouver un cheval plus jeune dont elle s'occuperait complètement et qui deviendrait son destrier à part entière. Mais seulement une fois qu'elle serait à l'aise avec une monture plus vive comme Brunehaut.

"Bien. Pour régler tes étriers, tu défait la boucle de l'étrivière, tu tends ton bras en mettant le bout de tes doigts contre le haut de la selle. Le plancher de l'étrier doit t'arriver au creux de l'aisselle. Ce n'est qu'un réglage approximatif, on en fera un plus précis une fois que tu seras dessus."

La jeune Grecque prit le filet de Velours et le lui mit. Pour lui ouvrir la bouche, elle glissa son pouce dans la bouche du cheval et ajusta le mors. Elle serra les boucles de la muserolle et de la sous-gorge puis fixa la longe.

Célia s'exécuta, règlant d'abord les sangles en serrant assez fort pour que la sangle soit collée à la peau du cheval sans le comprimer, puis elle passa au réglage des étriers et opéra de la manière que lui avait indiqué son amie. Les étriers furent rapidement règlés, elle en profita pour regarder comment on mettait le reste. A la vue du mords, elle demanda :

"Ca ne lui fait pas mal ? Après tout, c'est mis de force dans la bouche..."

Elle se demandait s'il n'y avait pas moyen de supprimer le mords, mais ensuite elle regarda tout l'attirail qui allait avec et constata que non, c'était bel et bien nécessaire.

Laureena caressa doucement le museau de Velours.

"Il ne risque pas d'avoir mal. A l'endroit où il y a le mors, il n'y a pas de dents. On peut avoir des filets sans mors. Mais uniquement pour les chevaux hyper-sensibles. C'est le cas d'Isambart, l'étalon que je montais quand tu es arrivée. Il a été blessé aux lèvres et ne supporte plus le métal, mais comme il est sage, on peut lui mettre un bosal."

La jeune grecque sourit à ce qu'elle venait de dire et se reprit rapidement.

"Enfin sage, c'est une façon de parler. Il a presque une dizaine d'année et il se comporte encore comme un poulain. Il a besoin de beaucoup d'exercice."

Elle claqua la langue et ouvrit la porte du box pour faire sortir Velours. Dans son box, Isambart hennit et encensa pour bien faire voir qu'il était là.

Célia sourit, regardant Velours sortir lentement de son box. Enfin elle allait pouvoir monter à cheval. Elle n'aurait jamais pensé ça possible, à dire vrai. Et pourtant... Comme quoi, dans la vie, tout pouvait arriver, et puis, elle était encore si jeune...

La jeune femme laissa à Laureena le soin de refermer le box et sortit de l'écurie, restant tout à côté du hongre en le caressant doucement. Elle commençait à vraiment aimer les chevaux et espérait devenir une bonne cavalière, grâce à l'aide précieuse de sa nouvelle amie.

Tout à coup, une pensée furtive traversa son esprit, elle posa alors la question à Laureena.

"Dis-moi, quand est-ce que je rencontrerai le grand patron de la Forteresse ?"

Elle était pressée de s'enrôler, bien qu'elle se sente déjà ici comme chez elle... Même mieux que chez elle, à dire vrai.

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