Pré-ouverture [libre]

(HJ: Bon, puisque j'ai le droit d'être dans plus d'un post à la fois, autant en profiter^^)

Dans la faible et pâle lumière de la matinée, alors que le soleil commençait à peine à se lever dans le ciel rouge vermeille, un mouvement se fit à l'intérieur de la librairie, sur le point d'ouvrir. Girak sortit par la porte en bois derrière le comptoir de vente, porte qui menait à l'appartement à quatre pièces qu'il occupait dans une autre partie de l'établissement qui faisait office de librairie. Habillé comme à l'accoutumée, vêtements ordinaires de bourgeois cultivé, cheveux brossés, ainsi de suite. Le jeune homme fit un tour entre les grands rayons de plus de trois mètres de haut, passant sur les escabots et les petites échelles réparties dans les différentes rangées, et alla déverrouiller la porte d'entrée de son bâtiment. Il remit la clé accrochée à une petite cordelette sous sa chemise, et se rendit au fond du couloir, pour prendre l'escalier qui montait sur sa droite tout le long du mur, face à l'autre escalier qui faisait de même sur la gaiche, tous les deux menant à l'étage supérieur de la librairie, les lectures un temps soit peu plus ''sérieuses''.

Il parcourut les rayons, veillant à faire un rapide inventaire, plaçant les livres sortis, à leur place respective, en bon libraire consciencieux qu'il s'efforçait d'être dans le village en dehors de ses autres ''affaires''...

*Que de paix dans cet endroit...*

Un léger sourire vint se montrer sur ses lèvres minces, et il continua sa besogne matinale, classant ce qui devait être classé, et rangeant ce qui devait être rangé.

[HJ: Bon, ben alors c'est ouvert à quiconque veut se montrer le bout du nez^^]

[==> Le souk - Boutique de Loukas]

Après avoir fait son petit achat, Irissia se disait qu'un peu de tranquillité serait la bienvenue après la cohue du souk. La librairie serait donc un lieu privilégié pour cette recherche de quiétude. On lui avait parlé d'une librairie tenue par un jeune homme à l'allure un peu "richarde" comme on se plaisait à dire. L'occasion était donc la bonne et a curiosité la poussa donc à aller visiter ce lieu.

En ouvrant la porte, ses yeux furent frappés par la hauteur des rayons. Le gérant devait avoir les moyens de s'offrir un tel luxe de culture et correspondait bien à la description qu'on s'en faisait de lui. Elle se demandait si une vie suffirait à lire toute cette mer d'ouvrages.

Absorbée par tous ces titres, ses doigts glissèrent le long des rainures des livres. Ses yeux s'arrêtent alors à la hauteur d'une couverture entièrement noire, aucun titre n'était inscrit sur la tranche ni sur le devant. Complètement lisse, le cuir reflétait la lumière tamisée de la librairie et semblait intact. Irissia tourna l'ouvrage entre ses doigts, hésitant un peu à l'ouvrir. Regardant derrière elle d'un oeil furtif, elle glissa un doigt sous la couverture ...

Au second étage, Girak sourit doucement en entendant le son caractéristique de la porte de son établissement. Enfin quelqu'un. Il était heureux de voir que la librairie attirait encore quelques personnes, ces temps-ci n'ayant pas été des temps très fructueux pour lui. Quoi qu'il en soit, il rangea l'épais livre de couleur pourpre qu'il avait entre les mains, ''Les Royaumes du Nord'', un ouvrage de cartographie des régions éloignés. Par la suite, il descendit doucement de l'échelle accrochée au rayon où il se trouvait, et il se dirigea lentement vers l'escalier en colimaçon menant au premier étage du bâtiment. En tant que propriétaire de ces lieux, il avait toujours eu l'habitude d'acceuillir en personne ses clients, cela plaisait généralement aux gens de connaître directement l'homme à la tête de cette collection sans fin de livres sur tous les sujets imaginables de ce monde. Il marcha dans le grand couloir central entre les rayons, et finit par aperçevoir une jeune femme immobile dans la section des ouvrages anciens. Il sourit de nouveau, car il s'agissait là de son recoin favori de la librairie, sans l'ombre d'un doute. Il arriva finalement dans le rayon où se trouvait Irissia, et entra dans celui-ci, derrière la jeune femme qui semblait totalement prise par la contemplation d'un de ses ouvrages ici présents. Il jeta un coup d'oeil par-dessus l'épaule d'Irissia, et reconnut rapidement l'ouvrage qu'elle tenait entre les mains.

Abd-Ehl Rahman, Le Maître des Étoiles. Il provient d'Arabie.

Ce livre étant écrit en language arabe, il avait mis beaucioup de temps à poouvoir déchiffrer son contenu. Il n'en avait été que plus fier en fin de compte. Ce livre de plus de six-cent pages, écrit il y avait de cela plus de cent-cinquante ans, avait été pour lui un défi remarquable à relever.

Irissia leva délicatement la couverture du livre, curieuse d'en voir son contenu, mais son geste s'arrêta lorsqu'elle entendit la voix d'un homme derrière elle. D'après ce qu'il disait, il devait sûrement s'agir d'un vendeur ou du propriétaire de la librairie. En se retournant, la seconde hypothèse parut la bonne et correspondait à ce qu'on lui avait dit de lui.

"Je n'avais jamais entendu parler de ce livre. De quoi s'agit-il ?"

La jeune femme profita de cet instant pour reconsidérer le visage du proriétaire et constata qu'il était plutôt jeune, la vingtaine sûrement. Ce qui l'intrigua cependant, était le mince capuchon qui recouvrait son oeil, comme celui du capitaine-pirate stéréotypé. Etrangement, cela la mettait mal à l'aise, comme une part de mystère, quelque chose qui l'empêchait de cerner cette personne.

Elle détourna tant bien que mal son regard du visage de Girak pour se concentrer à nouveau sur le livre qu'elle ouvrit machinalement. D'après le gérant, il provenait d'Arabie ce qui expliquait l'écriture qui était pour Irissia incompréhensible vu qu'elle ne l'avait jamais apprise, ce qu'elle regrettait à présent.

Girak sourit à la question d'Irissia. Il était heureux dans un certain sens qu'elle lui ai posé la question. Cela lui permettrait peut-être de faire connaître à une autre personne un ouvrage d'une excellence rare à ses yeux.Il baissa les yeux quelques secondes sur la couverture nouire parcourue par les mains de la jeune femme, et prit finalement la parole.

-Ce sont les mémoires d'un des plus Grands Prophètes d'Arabie, ayant vécu il y a de cela plus d'un siècle et demi maintenant.

En terminant sa phrase, il remarqua le regard d'Irissia. Ilsuivit le regard d'Irissia, et se rendit compte qu'elle fixait son oeil recouvert d'une mince pièce de cuir retenue par deux fils contournant l'ensemble de la tête. Il ne fit rien, il avait l'habitude que les gens aient un soupçon de curiosité envers cet aspect de lui même.

Il se contenta finalement de croiser les bras dans son dos, attendant de voir si d'autres questions viendraient à sortir des lèvres de la jeune femme qui venait d'ouvrir le livre, suivant du doigt les fines lignes d'écritures dans les pages de l'ouvrage.

La réponse de Girak fut courte et concise. Regrettant un peu que celui-ci n'en dise pas un peu plus sur ces mémoires, Irissia se demandait de quoi pouvait bien parler un prophète sur une époque qui datait d'il y a un siècle et demi, ce qui était plutôt récent lorsqu'on y repensait. D'un air intéressée elle demanda à son interlocuteur :

"Et ce prophète ... Abd-Ehl Rahman ... Que prédisait-il ? Etait-il au courant de ce qui se passerait en parlant des évènements tragiques qui se sont déroulés ?"

Le ton d'Irissia se fit légèrement amer sur sa dernière phrase car cette période où la quasi-totalité de la population mondiale fut anéantie, lui laissait un léger goût âcre concernant la bêtise des hommes. A cause de cela, nombre de personnes chères avaient perdu la vie avec les conséquences de ces actes insensés.

Sentant soudain une certaine pointe d'énervement ressurgir en elle, la jeune femme serra les dents, espérant que ce mouvement passerait inaperçu aux yeux du propriétaire.

*Calme-toi ... Il va te croire bizarre et folle à t'exciter ainsi ...*

Girak resta silencieux, mais s'avança vers Irissia, et prit doucement le livre entre ses mains. Il parcourut les pages, avec une infinie douceur, et finit par retrouver la page qu'il souhaitait montrer à la jeune femme. Il rendit le livre à Irissia, les pages étant maintenant ouvertes sur l'image en panorama d'un homme dans la cinquantaine. Il portait la barbe courte, ainsi qu'un turban bleu azur à la mode des musulmans. Sa robe tombai gracieusement jusqu'en dessous de ses mollets, les vagues de gris rayées de noir semblant flotter portées par un léger souffle de vent au moment où l'image avait été capturée. Son menton était invisible sous sa barbe, qui, bien que petite en effet, descendait tout de même jusqu'au bas du visage, et son long nez fin s'harmonisait avec les formes de son visage. Il se tenait devant un chameau, ce qui pouvait donner une idée de sa taille corporelle. Mais c'était ses yeux qui captaient généralement l'attention. On pouvait aisément lire dans les yeux de cet homme, sans même prendre la peine de se concentrer, l'expression dont on croit qu'elle n'existe que dans les histoires, deux yeux d'un noir si profond qu'on croirait pouvoir s'y noyer. La profondeur de ces yeux était invraisemblable. Girak jeta un coup d'oeil sur la photo avant de répondre à la dernière question d'Irissia.

-Il a en effet prédit les évènements qui nous sont tombés sur la tête. C'est ce qui a déclenché sa réputation. Les gens arrivaient tous à le croire, des plus pauvres aux plus riches.

Girak fit lentement volte face, et marcha tranquillement, léger et serein, laissant ses doigts glisser sur la surface des livres classés dans les rayons.

-''La colère d'Allah punira la race qui l'a déçu. Le fléau parcourera la terre, accomplissant la divine volonté de l'Unique''... Ce sont les paroles qui réapparaissent le plus souvent...

Sans qu'il sache pourquoi au juste, Girak se sentait devenir quelque peu nostalgique en évoquant ces mots, Peut-être parce qu'ils représentaient le sort qui avait été réservé à l'humanité pour ses agissements. Quoi qu'il en soit, c'était lui qui regrettait les actes de la race humaine, aujourd'hui.

Tandis que Girak parlait, Irissia contempla longuement l'image de la personne représenté. Sa physionomie et ses vêtements laissaient voir un homme de type oriental, plus tout jeune, les fils grisonnants de sa barbe et les rides de son visage en étant le preuve. Mais ses yeux étaient sans conteste le détail le plus frappant. Un noir carrément hypnotisant, plus intense que celui des pupilles d'Irissia ce qui était pour dire ... Cette paire de perles noires semblait capter et absorber la lumière sans la refléter, ce qui pouvait mettre mal à l'aise car des yeux pareils étaient si irréalistes et pourtant ...

Dans un murmure à peine audible, Irissia répéta les paroles de Girak :

"La colère d'Allah punira la race qui l'a déçu. Le fléau parcourera la terre, accomplissant la divine volonté de l'Unique ... Alors c'est ainsi ... Seigneur, cela avait été prédit ..."

De sa main gantée, Irissia fit le signe de croix et ferma les yeux, la main sur ses lèvres. Lorsqu'elle les rouvrit, ils étaient légèrement humides. Baissant le regard pour cacher ses larmes, sous le prétexte de fermer le livre, elle reprit contenance et s'avança vers Girak dont les traits paraissaient en proie à une vague tristesse. Elle lui prit doucement l'épaule.

"C'est une fatalité que nous devons malheureusement accepter. La volonté du Tout Puissant est intraitable."

*Et pourtant ... J'ai toujours eu du mal à l'accepter ...*

Irissia sourit au jeune homme avant de reprendre la parole :

"Je m'appelle Irissia Mitra, Gouverneur-Général de l'Ordre d'Alcantara."

La jeune femme se demandait à présent s'il était sage de dévoiler sa fonction, elle ne savait pas encore exactement qui était ce Girak, et se présenter à lui se révéla être assez stupide d'une certaine manière, mais peu importait à présent, la chose était faite ...

La certaine nostalgie dans le coeur de Girak ne fut qu'intensifiée aux paroles d'Irissia. Mais il devait avouer que la raison faisait partie de ses paroles. Quioi que les gens puissent penser, c'était arrivé, et rien ni personne ne pouvait y changer quoi que ce soit. Il soupira si doucement qu'il fut le seul à entendre son expiration.

Il se retourna vers Irissia lorsque celle-ci se présenta, et se garda de laisser paraître ce qui se déroulait maintenant dans sa tête. L'Ordre d'Alcantara, il connaissait ça. Même s'ils n'avaioent jamais réellement hostiles, il se devait de garder l'anonymat quand à sa présence dans une Guilde partageant bien peu les valeurs et intérêts de cet Ordre. Quoi qu'il en soit, il convint qu'il pouvait aisément présenter la facette présente de lui. Il inclina légèrement la tête lorsqu'Irissia eut terminé, un léger sourire apparaissant de nouveau sur ses lèvres.

-Girak Wolfstein, rat de bibliothèque maintenant propriétaire de son propre sanctuaire.

Il écarta quelque peu les bras en terminant sa dernière phrase, démontrant ainsi que ses paroles traitaient bien évidemment de la librairie qu'il possédait. Et ce qu'il disait était assez véridique, en fait. Lorsqu'il le pouvait, il devenait un vrai passionné, sur n'importe sujet, ça lui était égal.

Mais le sujet n'était pas à cela pour l'instant. Il ramena ses pensées vers Irissia, observant maintenant les prochaines actions de la jeune femme avec un calme total, les bras de nouveau croisés derrière son dos.

Aux paroles de Girak, Irissia sourit franchement. Ce jeune homme lui plaisait étrangement, peut-être était-ce dû à l'énorme culture qu'il possédait, ce qui était l'un des aspects qui attirait le plus Irissia chez une personne, ou encore à une certaine part de mystère qui planait tout autour de lui, ce qui somme toute pouvait paraitre normal vu qu'ils ne se connaissaient pas encore.

Feuilletant encore le livre, elle finit par le fermer car il fallait bien l'avouer, à part les images, elle n'y comprenait rien du tout. Le replaçant là où il était initialement, Irissia se drapa dans sa cape puis se tourna vers Girak en se demandant quoi dire. Elle opta pour une phrase complètement inutile.

"Vous avez de la chance de posséder une si grande bibliothèque. Nous n'avons pas la chance d'en posséder une aussi belle dans l'Ordre."

La curiosité d'Irissia se posa à nouveau sur l'oeil masqué de Girak, essayant de se retenir le plus possible, la question qui brûlait ses lèvres depuis un bon moment sortit de sa bouche.

"Ca peut paraitre complètement indiscret et grossier de demander ça mais ... pourquoi cachez vous votre oeil ?"

Girak s'attendait bien à cette question. À vrai dire, il avait commencé à se demander quand est-ce qu'Irissia allait la lui poser. Il aurait l'occasion de régler ce point rapidement. Généralement, sa façon de faire pour répondre était plus que convaincante pour la plupart des gens. Il leva les deux mains vers son visage, et défit un des fils retenant le bout de cuir. Lorsqu'il le retira, son oeil gauche fut dévoilé. Son apparence répondait généralement très bien aux questions. Légèrement plus renfoncé qu'il le devrait, on pouvait clairement voir un large creux dans le globe oculaire, globe d'une teinte blanche absolument uniforme, sans aucune trace de pupille ou d'iris où que ce soit. Les contours directs de l'oeil étaient également raflés, et plusieurs petites cicatrices en marquaient la peau sur les bords. Un léger sourire étrange se teintait maintenant sur le visage de Girak.

-C'est une part de moi que les gens apprécient moins, en général. Alors pour ne pas les déranger outre-mesure, je veille à ne pas leur mettre ça en pleine figure.

Le mot ''ça'' fut ponctué d'un index pointant l'oeil en question. Mettant un terme rapide à toute cette situation, il replaça la pièce de cuir à son emplacement habituel, et rattacha le fil qu'il avait retiré quelques instants plus tôt. En terminant d'attacher le mince fil, il décida d'expliquer la raison de cette blessure, il se disait bien qu'Irissia voudrait sans doute le savoir un jour ou l'autre, alors autant régler cela aussi maintenant.

-Ça m'est arrivé le jour même du Fléau. Un minuscule éclat d'obus, projeté à plus de cent-vingt kilomètres/heures en plein dans l'oeil. Apparemment, j'ai eu de la chance ce jour là que l'éclat se soit limité à percer l'oeil.

En fait, maintenant qu'il y pensait, sa survie à une blessure aussi atroce que celle-ci faisait partie des raisons majeures pour lesquelles il s'efforçait de vivre le mieux possible. Il était bien conscient qu'une différence de moins de 2 millimètres lui avait permis de rester en vie autre fois. Ce genre de fait l'incitait à profiter de la chance dont il avait bénéficié, même si cela lui avait couté un oeil.

Lorsque Girak souleva la mince pièce de cuir qui recouvrait son oeil, Irissia ne cilla pas en révélant ce qu'il cachait. Des blessures de guerre, elle en avait vu des dizaines et des pires, mais la perte d'un oeil restait toujours un certain handicap.

"Vous avez eu de la chance effectivement ... Mais pour ma part, j'aurai préféré perdre la vie plutôt qu'un oeil, question de principe, ma vue équivaut à ma vie, même si elle reste partielle."

Irissia se tut alors, ne sachant quoi dire d'autre. Le fait que Girak ai frôlé la mort, lui rappella soudain un autre être qui n'avait pas eu cette chance ... Une vague de tristesse l'envahit et sentant de dangereux souvenirs lui venir en tête, elle se concentra à nouveau sur Girak.

"Et à part les livres, que faites-vous d'autre ?"

» Ballade [libre]
» Première mission![Libre]
» Arrivée de Kain [libre]
» Des recherche pas forcément fructueuse [libre]