Marche

Laureena marchait depuis maintenant trois ou quatre jours. Son armure normalement luisante disparaissait sous une couche de poussière et de sable. Elle avait recouvert son oeil de verre par un bandeau noir, inutile que le sable ne vienne se loger entre la bille et la paupière.

Elle s'engouffra dans le dédale des rues, se faufilant entre les passants pour gagner la forteresse des siens. Elle repensa à son adoubement et à tout ce qui s'était passé depuis. Que de temps perdu, perdu? Pas sûr... à travailler dans ce château, elle en avait apprit des choses. Même à ses dépends. Cela la ramena au soir de son viol.

Une bousculade du côté de son oeil aveugle la fit sursauter. Elle pivota et vit un gosse qui s'enfuyait avec un morceau de pain, volé dans son sac. Elle tâta sa poche et constata qu'elle avait encore sa bourse. A quoi bon courir après un gamin qui ne lui avait prit qu'une infime partie de ses provisions au moment où elle n'en avait plus besoin.

Une voix se fit entendre derrière la jeune fille.

"Laisse, il en aura plus besoin que toi."

La voix était celle du charismatique Jonathan Sirius, le dirigeant de l'ordre des chevaliers d'Alcantara. Il s'était glissé dans le village en portant un habillement relativement simple le permettant d'éviter de se faire remarquer à travers la foule. Seul élément qui permettait de voir qu'il appartennait à l'ordre était le pendentif de son collier représentant l'écusson de son ordre.

Laureena se tourna calmement, ce lui qui venait de parler ne semblait pas agressif. Seulement, il était du côté où elle ne voyait pas.

"Je ne comptais pas lui courir après."

Elle le toisa rapidement de haut en bas. Il était plutôt grand, habillé en simple badaud mais son collier trahissait son appartenance à un ordre de chevalerie. Le blason lui rappela le sceau de la lettre d'acceptation qu'elle avait reçue.

"Vous êtes de l'ordre d'Alcantara? Je cherche le chemin de la forteresse."

*Ainsi, c'est la fille qui voulait rejoindre mes rangs.*

Jonathan ne voulait aucunement cacher son appartenance à l'ordre pour ce qui et de son collier mais ne portant aucune armure il devait quand même montrer qu'il était néanmoins un chevalier. Cette jeune fille devait penser qu'il était un simple chevalier sans savoir qu'il était lui même le maître de l'ordre. Cette idée le fit sourire et laissa juste croire qu'il était un simple officier.

"Oui en effet je suis un chevalier d'Alcantara, la forteresse se trouve sur l'extérieur du village, non loin d'ici."

Laureena se sentit soulagée. D'ordinaire, les hommes qu'elle croisait la dévisageaient comme une bête curieuse à cause de son armure. Pour une fois, l'un d'entre eux l'acceptait comme elle était.

"J'ignore si cela fait partie de votre route mais si tel est le cas, j'espère que vous ne voyez pas d'inconvénients à ce que nous cheminions ensemble."

Elle posa son sac au sol. Il commençait à lui engourdir sérieusement l'épaule. Elle repoussa le bandeau qui lui couvrait l'oeil, paraissant d'un coup plus "normale".

Jonathan souria à la proposition de sa nouvelle recrue. Ils étaient à côté de l'atelier d'un maréchale-férand. Un homme en tablier en cuir sortit en trainant derrière lui un sublîme étalon noir avec une crinière particulièrement longue bien scellé.

Maréchal-Férand: "Messire Sirius, nous venons de remplacer le fer de votre cheval, il est maintenant en pleine forme et près à partir au Galop."

"Bien, c'est du beau travail, tenez voilà pour vous."

Il retira une bourse qui pendait à sa ceinture juste à côté de Gunblade et la tendit à l'homme. Il se tourna ensuite vers Laureena et s'adressa à elle.

"Eh bien je suis d'accord pour vous escorter, ainsi les gardes ne vous embêtreons pas devant l'entrée si je vous accompagne."

Laureena hocha la tête.

"Je vous remercie. Vous avez un magnifique destrier."

La jeune femme laissa l'étalon lui sentir la main et lui caressa gentiment l'encolure. Il se laissa faire. Elle le regarda dans les yeux.

"Je crois que j'ai quelque chose pour toi."

Elle se tourna vers son propriétaire.

"Votre monture m'est sympathique. Puis-je lui offrir une gourmandise?"

Jonathan souria à la jeune fille.

"Bien sûr, je pense qu'il en sera très content. Il s'appelle Valens qui en latin signifie Vaillant. Il est encore jeune mais très fougueux et c'est ce que j'aime en lui."

Il commença à faire marcher Valens vers l'extérieur de la ville accompagné de Laureena à côté de lui. Il resta un moment silencieux puis reprit la parole.

"Au fait, est ce vous pouvez me donner votre nom ?"

Laureena sortit de son sac un bout de pain dur qu'elle donna à l'étalon. Celui-ci prit la friandise avec douceur avant de mordre dedans. Elle lui tapota doucement l'encolure. Elle suivit ses deux nouvelles connaissances.

"Mon nom? Ah mais bien sûr, quelle idiote, je ne vous l'ai pas donné. Je suis Laureena Tillius. Je viens de Grèce, de l'île de Skyros pour être précise."

Pendant qu'il écoutait les paroles de la jeune fille, il arrivèrent sur la sortie de la ville. Il aperçut des bédouins avec des dromadaires,visiblement des marchands. Ils étaient en train d'attendre quelqu'un apparament.

Marche Populationculturechameaudromad

L'un d'eux s'avança vers Jonathan et lui adressa la parole en arabe.

Bédouin (parle en arabe): "Seigneur, le ravitaillement pour votre forteresse est prêt, nous attendons plus que vous pour partir."

Jonathan lui répondit également en arabe mais avec un fort accent français.

"Oui bien sûr monsieur Marmadha, mais avant je voudrais un cheval pour la jeune fille qui est là."

Bédouin: "Bien sûr seigneur. Ali, vas chercher un cheval pour le seigneur Sirius."

Jonathan s'adressa ensuite à Laureena en français cette fois.

"Nous allons attendre quelques minutes, nous attendons votre cheval."

Laureena sourit.

"Que d'honneurs messire. J'aurais très bien pus en trouver un moi-même. Cependant, au vu des magnifiques chevaux qui accompagnent cette caravane, je ne vais pas refuser."

Le bédouin revint tenant en main une magnifique jument gris pommelé avec de grands yeux bleus. L'animal piaffait et secouait fièrement sa longue crinière couleur de cendre. Laureena resta un instant sans voix.

"Pour moi? Elle... elle est superbe. Je n'ai jamais vu pareille monture, je n'osais pas en rêver."

La jeune femme avança et caressa le museau de velours de la jument. Elle lut dans son regard à la fois de la fougue et de la douceur.

Le bédouin qui semblait mener la caravane arriva vers le Maître-Gouverneur et s'adressa à lui en français mais avec un accent arabe.

Bédouin: "Mon seigneur nous devons y aller, maintenant."

"Oui il est temps. Nous y allons."

Il partirent ensuite en direction de la Forteresse d'Alcantara.

[=> Forteresse d'Alcantara]

Laureena arrangea son sac sur la selle de la jument et se hissa sur son dos. Elle l'essaya aux trois allures, faisant des allers et retours le long de la caravane. Finalement, elle ramena sa monture aux côtés de celle du jeune homme qu'elle avait rencontré en premier.

=> forteresse d'Alacantara